Croissance économique mondiale

Publié le : 15 août 20184 mins de lecture

A l’heure du bilan de nos prévisions pour fin 2004, établies dès juin 2003 et révisées trimestriellement depuis, les lignes de force de
notre scénario central apparaissent clairement : nos anticipations sur le taux de croissance du PIB dans les différentes zones ont, très
tôt, été guidées par la conviction que les politiques monétaire et budgétaire très expansives menées aux Etats-Unis dès 2000 et,
surtout, après le 11 septembre 2001, étaient une assurance « anti-récession » et que le scénario de déflation, bien résumé dans « The
Unfinished Recession » (The Economist, 28/09/02) ou, plus récemment, dans le scénario « Armaggedon » de Stephen Roach, ne se
réaliserait pas. Dès mi-2003, nous pronostiquions une accélération de la croissance mondiale, tirée principalement par les Etats Unis et
la Chine (entrée dans l’OMC), et dans une moindre mesure par la Grande-Bretagne. Nous commencions à envisager la sortie de
déflation de l’économie japonaise.
Concernant la zone euro, nous étions optimistes (1.90 % de croissance du PIB fin 2004, anticipé il y a un an), considérant que l’effet de
contagion de la croissance mondiale allait jouer et que les contraintes monétaire, budgétaire et de change allaient s’alléger. Sur les
deux premiers points, nous avons eu raison : la BCE a baissé le taux Refi en mai 2003 à 2.00 %, et le Pacte de Stabilité et de
Croissance a perdu de son acuité. Sur le troisième point, la hausse de l’euro, au-delà de sa « Fair Value » que nous estimons proche
de 1.20 EUR/USD, va bien au-delà de nos anticipations, depuis peu. Mais elle n’a pas eu d’impact négatif sur les exportations
allemandes, globalement peu sensibles au prix de vente en raison de leur spécialisation. Comme prévu, la consommation est restée
soutenue en France, certes alimentée par une diminution du taux d’épargne faute d’une amélioration de l’emploi et d’une hausse des
revenus disponibles.
Nous n’avons jamais eu de véritable crainte inflationniste, même quand les cours du pétrole ont entamé une escalade vertigineuse.
Globalement, alors que nous combattions fermement la thèse de la déflation/récession et que nous étions jugés très optimistes, nos
prévisions économiques 2004 ont, malgré tout, dues être revues à la hausse au cours des 18 derniers mois : pour les Etats-Unis nos
anticipations de croissance du PIB 2004 sont passées de 3.0 % en juin 2003 à 4.50 % en juin 2004, pour revenir à 4.00 % en
septembre dernier !
Quoi qu’il en soit, un taux de croissance du PIB mondial proche de 5.00 % en 2004 (chiffre retenu par le FMI), soit au-dessus de la
tendance de long terme, et celle de plus de 10 % du commerce mondial ne constituent pas, pour nous, une surprise. Nous avons
même osé dire dans nos dernières réunions que nous avons évité de peu la surchauffe! Notre principale interrogation pour 2005 réside
donc dans la manière dont le marché va interpréter la baisse de la croissance, qui reviendra sur sa tendance de long terme : retour
massif des thèmes « récession/déflation », alimentés par l’anticipation d’une chute aggravée du dollar, ou perception du côté salutaire
et sain de ce dégonflement ?

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