La zone euro devrait être tirée par la cycle de rattrapage de l’investissement

La zone euro a été la seule zone à ne pas connaître une croissance supérieure ou égale à son potentiel en 2004, alors que le décalage conjoncturel avec les Etats-Unis s’est une nouvelle fois vérifié. En particulier, le cycle de hausse de l’investissement enregistré par les Etats-Unis et le Japon n’a démarré qu’au milieu de l’année 2004, ce qui laisse un potentiel d’accélération pour le début de l’année 2005. Les restructurations sont encore en cours au sein des entreprises allemandes et françaises (comme l’attestent les négociations de grands groupes comme Volkswagen sur la durée du temps de travail, en France comme en Allemagne), même si elles semblent toucher à leur fin, alors que l’emploi s’est stabilisé en France et semble en voie de l’être en Allemagne. La reprise de la croissance au 2ème semestre 2004 est due à des dynamiques différentes pour l’Allemagne et pour la France : exclusivement tirée par les exportations en Allemagne, elle n’a reposé que sur la dynamique de la demande domestique en France. Ces tendance devraient rester en place en 2005, avec une reprise progressive attendue de l’emploi en France et des perspectives de croissance du commerce mondial toujours élevées qui devraient continuer à tirer les exportations allemandes (essentiellement des biens industriels à haute valeur ajoutée, ce qui rendra l’impact de l’appréciation de l’euro moins flagrant alors qu’il n’y a que peu de concurrence au niveau mondial sur ce type de produits). Néanmoins, un tel scénario serait invalidé par une envolée de l’euro (vers 1.50 EUR/USD ?), dans la mesure où elle toucherait alors non seulement les secteurs exportateurs mais se propagerait également à l’ensemble de l’économie. Ce risque mérite selon nous d’être néanmoins relativisé dans la mesure où nous n’adhérons pas au scénario d’effondrement du dollar. L’importance du commerce intra-zone euro devrait également modérer l’impact d’une appréciation de l’euro sur l’activité. Nous anticipons donc une poursuite de la croissance de la zone euro sur un rythme de 2.0 % en 2005, emmenée par le dynamisme de la demande domestique en France et la poursuite de la croissance des exportations allemandes en attendant une reprise de l’emploi et de la consommation qui ne devraient pas survenir avant, au mieux, le 2ème semestre 2005. Par ailleurs, nos prévisions reposent également sur la prise en compte du redressement de l’économie italienne (dont le PIB est quasiment équivalent à celui de la France et qui se trouve aujourd’hui en retard sur le cycle européen) et sur le dynamisme d’économies « périphériques » telles que l’Espagne ou l’Irlande.

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