La croissance chinoise va rester soutenue, alimentée par l’investissement

La Chine, économie « star » de 2004 si l’on se réfère à la couverture médiatique, devrait continuer sa marche en avant en 2005 et enregistrer une croissance proche de 10 % pour la 5ème année consécutive. La vigueur de la croissance chinoise en fera la deuxième contributrice à la croissance mondiale, à égalité avec la zone euro et derrière les Etats-Unis, alors que son PIB représente un sixième de celui de la zone euro en dollars courants… La progression impressionnante de l’investissement (+30 % annuel) reste le principal moteur de la croissance, même si la demande domestique et en particulier les ventes au détail ont sensiblement accéléré en 2004 (d’un rythme de 10 % annuel environ à fin 2003 à +14 % aujourd’hui). Les investissements étrangers dans le secteur manufacturier, mais aussi les investissements domestiques alimentent une croissance trépidante de l’activité dans l’est de la Chine et cette tendance devrait rester à l’œuvre en 2005. Le lien fixe entre le yuan et le dollar, qui protège les exportations chinoises du mouvement de baisse du dollar et induit des conditions monétaires aussi souples en Chine qu’elles le sont aux Etats-Unis, pour un taux de croissance trois fois supérieur, devraient constituer de puissants stimulants à la croissance et permettre à la Chine d’enregistrer une croissance équivalente en 2005 à celle enregistrée en 2004 (les statistiques publiées étant, de plus, probablement nettement inférieures à la réalité compte tenu des difficultés du pouvoir central à faire remonter les données jusqu’à Pékin, et de l’incitation à la minimisation des statistiques née de la volonté affichée des autorités de ralentir la croissance). Le niveau de croissance de l’économie chinoise ne sera pas la préoccupation principale des autorités chinoises en 2005, qui devront faire face à des challenges d’ordre structurels : comment gérer le mouvement de migration des investissements de l’est vers l’ouest, alors que des tensions sur le coût de la main d’œuvre apparaissent dans les grandes villes de l’Est ? Comment s’assurer que les gouvernements des provinces respectent les consignes en provenance de Pékin ? Comment préparer le système bancaire à l’ouverture à la concurrence étrangère en 2006, conformément aux engagements envers l’OMC, alors que les bilans des banques sont empoisonnés par les créances douteuses ? Comment assurer les approvisionnements énergétiques et en matières premières de l’industrie, nécessaires à la croissance du secteur industriel ? A toutes ces questions, le gouvernement chinois paraît capable de donner des réponses (de façade tout au moins), qui devraient permettre à la Chine de rester sur sa dynamique en 2005. La recapitalisation des banques chinoises par l’Etat, les investissements massifs en Amérique du Sud annoncés récemment, qui présentent également l’avantage de recycler les dollars s’accumulant dans les coffres de la Banque de Chine en raison du peg dollar/yuan ou les récentes critiques formulées à l’égard de Hong Kong pour son manque de transparence sont l’illustration du fait que le gouvernement chinois a conscience des problèmes qu’il va devoir affronter et s’attache à les résoudre. Quoi qu’il en soit, le pic des avantages compétitifs chinois envers le reste du monde est aujourd’hui derrière nous, comme l’atteste la progression de la valeur ajoutée au sein de l’industrie chinoise… 2005 devrait donc voir la Chine continuer à s’avancer sur le chemin de la croissance à marche forcée.

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